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samedi 28 décembre 2013

...en morceaux...

Morceau n° 1

Tout est cassé. On te dit de ne pas t'inquiéter, que ça viendra, que c'est sûrement pas encore le moment. On te conseille de te lancer, de jeter quelques mots pour voir comment ils rebondissent, de commencer par du n'importe quoi, ça fait parfois venir l'essentiel.
Mais toi t'entends pas trop ce qu'ils disent, ni leur foi dans ta capacité à sortir quelque chose, ni leurs encouragements. Toi tu t'inquiètes parce que putain y a que ça qui te fait vibrer, que ça qui pourrait soulager, et si même ça c'est cassé t'es pas près de te sortir du fond du trou dans lequel tu plonges doucement mais sûrement. 
Alors t'essayes, tu tapes quelques lettres et puis tu les effaces, tu t'emportes parce que ce qui vient c'est de la merde, puis tu recommences en te disant que tu vas garder ne serait-ce que pour toi, mais tu effaces de nouveau parce que ça n'a aucun sens quand tu ne partages pas.
Ta frustration est à son comble, t'es bien que quand tout ça sort de toi, quand tu trouves les mots, qu'ils glissent tout seuls, quand tu les jettes en pâture à qui veut les prendre et que derrière y a des réactions, du réconfort, ou du dédain qu'importe, mais quelque chose.
Là tu te sens comme un portefeuille vide, que les autres regardent avec mépris parce qu'ils aimeraient plutôt y voir quelque chose et qu'ils ne trouvent rien, que du coup ils jettent hors de leur vue parce que ça ne présente qu'un intérêt limité, voire aucun intérêt du tout d'ailleurs, tu ne sers à rien.

Morceau n° 2

Tu découvres une partie de ce monde virtuel que tu ne connaissais pas. Deux, en fait. 
La première elle est belle, elle est pleine de cet amour que tu attendais tellement, elle est dans les mots de celle qui est toujours là pour toi, enfin sauf peut-être quand elle est occupée à vivre sa vie que tu suis de si près, elle est dans les messages de cet autre que tu voudrais juste une fois regarder droit dans les yeux, pour qu'il voie un peu ce qu'il t'inspire, qu'il capte qu'on est loin de la pitié ou de la compassion mais tellement, tellement, dans la compréhension de tout ce qu'il balance quand il le fait de ses mots si justes. Cet amour-là auquel tu ne t'attendais pas, mais qui te vrille la tête et les intestins, qui te fait t'inquiéter de chaque silence, de chaque pause entre deux contacts, qui te fait redescendre en pression dès lors que leurs noms s'affichent sur l'écran de ton téléphone. Ces deux-là te donnent tellement, sans s'en rendre compte, sans vraiment toucher du doigt l'importance qu'ils ont maintenant, la place qu'ils occupent, et toute la gratitude qui t'envahit quand tu constates qu'ils acceptent que tu fasses partie de leurs mondes pourtant déjà bien chargés. S'ils te lisent et qu'ils se reconnaissent, t'espères bien fort qu'ils se reconnaîtront, t'aimerais bien que sans fausse modestie ils accepteront le rôle qu'ils jouent déjà malgré eux.
Et dans cette première découverte, il y a bien évidemment tous ces autres qui te comblent de leurs mots. Tu les gardes là, dans un coin de ta tête, tu ne les oublies pas, ils te sont tellement importants, eux aussi.
Et puis cette autre partie tellement plus laide, tellement moins alléchante, celle où les gens se font du mal, parce que Twitter c'est ça aussi, tu t'en rends compte aux dépens d'un copain parce que certains s'acharnent à l'intégrer dans des querelles futiles de gamins attardés. Suivre cette affaire de près t'a amenée à percevoir certaines réalités dont tu tenais soigneusement éloignée, tu déchantes un peu, tu cries à la désillusion. Pourtant t'es si bien placée pour savoir que le monde est moche Isa, tu l'as déjà expérimenté si souvent, qu'est-ce que tu croyais ? A quoi est-ce que tu t'attendais ? Peut-être rêvais-tu d'une bulle magique échappant aux lois de la société, d'un échappatoire face à la cruauté et à la méchanceté que tu as déjà tellement subies ? Ne rêve pas ma grande, ici ce n'est qu'un microcosme reproduisant à l'identique toutes les couleurs que tu peux voir IRL, y a du bleu et du rose mais ouvre les yeux bordel y a du noir aussi. T'as pas envie de le voir mais il est là, partout, il s'insinue entre les couleurs de l'arc-en-ciel que tu voyais jusque là, et c'est ça la réalité tu sais, c'est les nuances, y compris celles que tu ne veux pas voir.

Morceau n° 3

IRL aussi y a des choses qui foutent le camp. 
Tu le sens à certains de tes excès que tu as du mal à contrôler, tu le sens à ces reproches faits par ton entourage que tu ne sais plus rassurer, tu le vois bien aux moments que tu voles à la vie de plus en plus souvent. A l'importance que tu donnes à ceux que tu rencontres au détriment de ceux qui sont déjà là, à la place qu'ils prennent parce que y a de l'espace à occuper. 
Tu le sens à ce vin qui te réchauffe la gorge bien souvent, à cette difficulté que tu as à décrocher du boulot qui pourtant te plombe 10 heures par jour, à ce manque de sommeil que tu entretiens si bien en évitant avec soin de te coucher trop tôt et de te lever plus tard, à cette consommation de cigarettes qui a doublé, à ton envie d'ailleurs qui grandit bien plus vite que les choses n'avancent, à cette multiplication des contacts avec l'autre monde, avec ta plongée dedans toute habillée, vaille que vaille et fuck les conséquences. 
Tu le sens à ces regards accusateurs, à la frustration que tu déclenches chez l'autre et à ton incapacité à faire autrement. A ton j'm'en-foutisme trop bien huilé, trop travaillé pour être le fruit d'un hasard non maîtrisé.
Tu sens tout ça et tu ne fais rien pour que ça change. 
Tu n'as ni la force, ni la foi, ni l'estime de toi qu'il faut pour ça. 
Tu te contentes de le vivre, spectatrice coupable de ne pas savoir changer le cours des choses, de le subir, de l'accepter, de l'accueillir même, de le vouloir peut-être ?


*
**
Ce texte avait besoin de sortir. Sans fioriture, sans prendre le temps de la relecture, comme bien souvent d'ailleurs. Accueille-le s'il te plaît avec toute la bienveillance dont tu es capable, avec tout l'amour que tu me portes parfois, avec la tolérance nécessaire pour ne pas qu'il ne fasse trop de dégâts. Si tu arrives à ça, coeur sur toi. Si tu n'y arrives pas, ne me le dis pas. Je ne supporterais pas.

© Isa – décembre 2013

2 commentaires:

  1. Tes mots font mouche à chaque fois ... Ne t'arrête pas, ne calcule pas et laisse-les sortir ...

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    1. [Raaaaaaaaah qu'est-ce que je peux me sentir comme une gosse frustrée devant un paquet cadeau qu'elle n'a pas le droit d'ouvrir quand je reçois un commentaire "anonyme" !!!]
      Merci pour ces compliments & ces encouragements. Écrire me libère de tellement de choses que tant que je pourrais, je le ferai. J'espère pouvoir longtemps. Toujours.

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