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mercredi 11 décembre 2013

...à J-1...

Mercredi soir, le plus dur est fait.
En durée, en tout cas. En stress, pas tout à fait.

Y a cet entretien demain. Qui compte. J'en avais parlé ici et , bah là tu vois c'est la suite. L'ultime étape. Le moment avant la grande révélation finale. La course à la victoire.

J'y vais avec tellement de trucs en moi. La peur d'oublier un des éléments importants notés sur la liste que j'ai soigneusement rangée dans un coin de ma tête. L'espoir de sortir fière de ce bureau évocateur de tant de mauvaises nouvelles passées. Le désir de bien faire.

Mais aussi... l'envie de crier à la face du monde que putain je m'en fous de tout ce qui va ressortir de tout ça, j'ai rien à vous prouver, ni à toi ni à l'autre à côté, je vaux mieux, je vaux plus, si je tombe y a des bras pour me rattraper, je sais faire face à un "non", j'en ai déjà tellement bouffé, et puis ton poste là tu crois vraiment qu'il a une vraie valeur ajoutée, que je vais m'épanouir dedans, que j'ai besoin de ça pour aller mieux, pour grandir, pour me sentir à ma place ?

Je peux pas le dire aux gens, ça, tu vois, je peux pas le dire à mes proches, parce qu'ils m'ont vue vouloir ce job à m'en isoler de tout, me battre pour l'avoir avec l'énergie du désespoir, dégringoler suite aux refus qu'on trouvait tous tellement injustes. Alors aujourd'hui il ne comprendraient pas, que je vois plus grand, que je suis bien plus loin, dans une quête tellement moins matérielle. Que je me suis recentrée sur les priorités, ma santé mentale, mon désir d'écrire qui me fait me réveiller en plein milieu de la nuit. Parce que c'est ça qu'il y a dans mes tripes hein, c'est écrire, c'est parler avec des gens, c'est échanger, c'est pas un putain de job de bureau aussi bandant qu'une chaise bancale, c'est pas 50€ de plus par mois non plus tu vois. 

Alors ouais j'y suis allée, je me suis lancée encore, mais cette fois ci un peu à mon corps défendant, parce que c'était écrit, parce que je devais à ceux qui y croyaient de tenter le coup une nouvelle fois, la dernière sûrement quand même hein, faut pas déconner non plus. Du coup je vais bagarrer demain, je vais me montrer sous mon meilleur jour, me vendre comme si c'était le trottoir là et pas ce bureau lugubre, me brader même, annoncer le rabais de Noël à 95% de remise immédiate. Prenez-moi, volez-moi même, je me donne gratuite, me payez pas, je le ferai votre taf, je le ferai bien en plus, j'y mettrai du temps, de l'énergie, tout le jus que j'ai à la place de mon sang, et vous n'aurez jamais besoin de dire bravo, jamais besoin de dire merci. Rackettez, exploitez, sucez jusqu'à la moelle, on s'en fout, y a pas de chair, y a pas de peau, y a pas d'organe qui bat fort sous tout ça, prenez tout, me laissez rien, j'ai besoin de rien d'autre que de vous satisfaire, moi.

Voilà ce que je vais leur donner de moi demain, parce que c'est dans mes gènes, l'abnégation, la liquidation totale, la mésestime tellement forte de ce que t'as dans ton bide que du coup tu le jettes en pâture sur la place publique en criant "mangez-moi". 

Et puis après, avant de retourner bosser, j'irai fumer une cigarette pour me détendre avec les copines. Non sans être passée aux chiottes me vider de toute la gerbe qu'ils me collent à me rendre si peu digne, si peu fière de qui je suis et me laver la bouche de toutes les horreurs que je suis prête à dire juste parce que j'ai ce putain de besoin que pour une fois, on me dise oui. Je prendrai bien sûr soin de ne pas croiser le reflet que me renverra le miroir, ça pourrait m'inspirer des choses que Maman m'interdit de faire ("on ne crache pas, Isabelle, c'est sale"). Toutes ces choses inspirées par le dégoût de n'être plus que la pathétique ombre de moi-même tu vois.

© Isa - décembre 2013

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