Pages

mardi 16 février 2016

C'est pour...

C'est pour ta voix qu'ils ont inventé le mot "amour". Pour ce que tu en fais, quand tu parles, quand tu ris, quand tu chantes, quand tu susurres, quand tu cries, pour ce qu'elle me fait quand c'est à moi qu'elle s'adresse, quand tu me réserves tes mots, tes rires, tes chansons, tes soupirs, tes cris, c'est pour ce qu'elle m'envoie qu'ils ont inventé le mot "amour".

C'est pour ton corps qu'ils ont inventé le mot "désir". Pour tes mouvements, pour tes gestes, pour ta main quand elle se pose sur le volant de ta voiture, pour tes lèvres qui remuent sans que je n'écoute plus ce que tu dis, hypnotisée par l'air que tu brasses quand tu bouges, par l'énergie que tu déplaces, par les volutes de fumée qui s'échappent de ta bouche, c'est pour ta présence qu'ils ont inventé le mot "désir".

C'est pour la distance qu'ils ont inventé le mot "impatience". Pour les kilomètres qui nous retiennent loin l'un de l'autre, pour les années qui ne nous ont pas attendus, pour les mots et les gestes qu'on retient, pour la vie qui ne nous a pas épargnés avant de nous amener l'un à l'autre, pour les tourments qui nous empêchent de nous appartenir pleinement, pour ces mots qu'on se lâche avant même d'avoir goûté à nos peaux, c'est pour tout ce qui n'est pas encore à nous et qui ne sera jamais nôtre qu'ils ont inventé le mot "impatience".

C'est pour le feu que tu fais naître qu'ils ont inventé le mot "folie". Pour la vitesse à laquelle le bas de mon ventre s'enflamme, pour le grain de ma peau qui frissonne de ne pas être sûre de te plaire, pour l'odeur de ton cou qui m'échappe et m'entête déjà, pour les imperfections dont nous sommes friands avant même d'en avoir conscience, pour les incendies qu'on allume sans en avoir l'air, pour ces échanges si courts, beaucoup trop courts, pour le temps qui file sans vouloir nous attendre, pour le temps qui se fige sans vouloir se presser de nous réunir, c'est pour ce que je veux de toi et pour ce que tu attends de moi qu'ils ont inventé le mot "folie".

C'est pour nous qu'ils ont inventé ce qui existe déjà et ce qui n'existera jamais.
C'est à nous de faire en sorte qu'ils n'aient pas une seule fois à le regretter.

© Isa – 16 février 2016