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vendredi 6 décembre 2013

...peinée par ton départ...

La route aura été longue pour en arriver là. Les dernières mètres s’étiraient. La douleur, l’épuisement, l’envie d’ailleurs étaient partout autour de toi, j’imagine. Il fallait que ça s’arrête. Que tes yeux se ferment.

Aujourd’hui tu recevras bien plus d’hommages que tu n’en as eus pendant toutes ces années de vie. Le paradoxe de la mort c’est qu’elle ravive les souvenirs des uns, les regrets des autres, et les mots de tous. Tu ne seras jamais plus vivant qu’aujourd’hui. Jamais plus présent. On n’aura que ton nom à la bouche, sous nos doigts, dans nos oreilles ou devant nos yeux. Tu seras inévitable. Incontournable.

Et déjà je me nourris de ces autres qui veulent, à leur façon, saluer ton départ. Les mots sont forts, évidemment. A la hauteur du drame qui se joue quand quelqu’un de ta trempe tire sa révérence. Les citations fusent de toutes parts. J’apprends donc que tu avais aussi ce talent là en toi, celui de dire les choses joliment. Je ne le savais pas. Les rappels historiques déboulent partout dans les médias. On te résume en dates, en actes, en combats. Tu sais, elle est jolie, l’image qu’ils donnent de toi. Si d’où tu es tu peux le voir, et si d’avoir trouvé le repos te permet d’avoir l’énergie de t’en délecter, j’imagine que tu es fier de tout ça. De tout ce qu’ils disent à ton sujet, de tous ces honneurs  dont ils t’entourent.

Parmi eux tu sais, il y a quelques personnes comme moi. Je ne peux qu’avouer mon ignorance à ton sujet. Bien sûr, l’école et la vie m’ont quelques fois amenée à en apprendre un peu sur toi. Mais je n’ai pas la conscience politique ni la culture historique qui me permettraient de faire l’apologie de l’homme que tu as été. Ce n’est pas très grave, d’autres le feront très bien, et je ne suis pas de ceux qui iront fouiller les limbes de l’Internet pour dégoter quelque fait marquant qu’ils pourraient mettre en avant pour te rendre hommage. Et pour par là même participer à l’ampleur de la déferlante qui s’abat partout autour de nous, pour en être partie prenante. Je ne sais pas faire ça, je ne m’y reconnaitrais pas.

Alors mes mots seront limités à ce que je maîtrise le mieux : ce qui se passe à l’intérieur de moi ce matin en lisant tout ce qu’ils ont à écrire, en entendant tout ce qu’ils ont à dire.

A ces superlatifs qu’ils emploient, à ces adjectifs qu’ils répètent, à la douleur qu’ils expriment, aux mots de toi qu’ils reprennent, aux hommages qu’ils prévoient, aux anecdotes qu’ils racontent, au tragique qu’ils évoquent, au destin qu’ils incriminent, à leurs vœux de te voir reposer en paix à jamais, au passé qui leur manque déjà, au futur vide de toi qu’ils déplorent… à tout ça et à tant d’autres choses encore, je sens l’émotion palpable suscitée par ta mort. Tu laisses derrière toi des millions de personnes riches de t’avoir connu au sein de leur monde, fières d’être nées sur une planète qui t’a porté, bénies d’avoir respiré le même air que celui qui t’a fait vivre pendant de si longues années.

Rien que pour ça, je ressens le besoin d’exprimer mon émotion, aussi infime soit-elle au milieu de toute celle que ton départ suscite. Rien que parce que pour tous ces autres qui te pleurent, tu as été grand.

Et puis à un niveau tout à fait personnel, la jeune Terrienne que je suis n’oublie pas que, avant toute autre chose, avant d’être une icône, un modèle, un porte-parole, tu es aussi un homme que la vie a quitté pour de bon. Qui a fermé les yeux pour la toute dernière fois. Comme tant d’autres, chaque jour. Rien que ça, c’est si triste déjà.

© Isa – décembre 2013

4 commentaires:

  1. Tout simplement... un hommage magnifique

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    1. Merci ma poule :)

      *Commentaire initialement posté le 7/12/13 à 8h30*

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  2. La justesse de tes mots, ton humilité, tout te grandit. Ce billet doit être connu du plus grand nombre...TU dois être connue du plus grand nombre.

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    1. C'est certainement le commentaire le plus flatteur qu'on m'ait fait depuis l'ouverture de ce blog. Il me touche beaucoup. Merci :)

      *Commentaire initialement posté le 7/12/13 à 8h30*

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