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mercredi 21 août 2013

...pleine de variations sur le même thème : [insomnie]...

L'insomnie a cela de beau qu'elle me permet de vivre dans un monde bien à moi, un monde où seul le bruit de la nuit se mêle à celui des mes doigts qui pianotent frénétiquement sur mon clavier... Elle m'offre ce moment si particulier de me sentir seule sur Terre, avec le lot d'angoisses que cela apporte bien sûr, mais une angoisse mêlée d'une inquiétante quiétude.

Mon insomnie revêt plusieurs formes : ces derniers jours, elle me faisait me coucher très tôt le soir, en tout début de soirée, et me réveillait au milieu de la nuit sans que je ne puisse me rendormir après. Les journées qui viennent de s'écouler ont donc toutes commencé vers 4h du matin, quand il fait encore si nuit dehors qu'on se doute à peine que parfois le même ciel peut-être rayonnant de lumière.
Ce soir mon insomnie me joue un autre tour : elle me tient éveillée à une heure où les gens raisonnables sont déjà tous en plein sommeil, elle écarte les bras de Morphée qui ne m'entourent plus de leur cocon protecteur, elle chasse le Marchand de Sable qui a bien du mal à se frayer un chemin jusqu'à mes yeux pourtant si fatigués.

Dans ces moments-là je lutte pour rester éveillée, je le sens, mon corps réclame que je m'abandonne au confort douillet de mes draps fleuris mais ma tête m'impose de jouer les prolongations encore un peu, juste quelques minutes, juste le temps de rédiger ces quelques mots me dit-elle. Mais elle me ment, je la connais par coeur, et je sais qu'aussitôt ce billet publié, elle trouvera une autre tout aussi bonne raison de me garder en alerte.

Dans ces moments-là...

...il n'y a que moi et mon décor, mon bureau qui me rassure, la lumière bleutée des touches de mon PC et la cigarette qui se consume seule dans le cendrier, toute délaissée qu'elle est par l'urgence de mon désir d'écrire bien plus puissante que l'envie de fumer.

...il n'y a que moi et ma page blanche, que je choisis tantôt sous la forme d'une feuille de papier, tantôt sur l'écran de mon éditeur Web, tantôt juste dans des cases qui s'ouvrent et se referment, se vident et se remplissent dans un coin de mon cerveau déchaîné.

...il n'y a que moi et mes questionnements, mes tentatives de réponses, mes ébauches de solutions, puis mon brusque lâcher-prise au moment où je décide que finalement la question ne mérite plus que je m'y penche.

...il n'y a que moi et mes résolutions, les promesses faites à moi même de lendemains qui seront plus ceci, moins cela, et toute ma capacité à prendre les décisions radicales qui s'imposent à moi --- d'une ampleur bien trop lourde pour mes deux bras, bien trop large pour mes deux épaules, certes, mais ça, c'est demain que je m'en apercevrai, immanquablement.

...il n'y a que moi et mes listes de choses à faire, mes projets qui se construisent, mes recherches poussées sur ma lubie du moment, mes post-it griffonnés qui finiront, je le sais déjà, au fond de ma corbeille à papier sans que rien n'ait avancé.

...il n'y a que moi et mes prières à ces anges auxquels je crois parfois, les voeux que je prépare pour les prochaines bougies que je soufflerai ou la prochaine étoile filante que je croiserai, les souhaits que je hiérarchise pour la prochaine liste que j'enverrai au Père Noël ou à tout autre bienfaiteur qui aurait à coeur de les exaucer.

...il n'y a que moi et les révélations imposées par ce tête-à-tête solitaire, la prise de conscience de celle que je suis, de ce dont je manque, de mes victoires aussi, mais de mes défaites surtout.

...il n'y a que moi et mes pensées qui s'envolent vers ceux qui comptent et compteront toujours, ceux qui sont là tout près, ceux qui m'ont été arrachés par la Vie, ceux qui sont si loin mais pourtant toujours présents.

...il n'y a que moi et malgré tout cette envie de communiquer, par le biais de ce billet, avec le monde qui m'entoure...

Et demain, que restera-t-il de tout cela ?
Ces mots tapotés dans le vif d'une émotion mélancolique qui m'empêche de les organiser, de les structurer, pour en faire un article que je pourrais être fière d'avoir publié.
Une tasse à café vide, un cendrier plein.
Des questions restées sans réponse, des décisions que je n'assumerai déjà plus.
Des post-it chiffonnés dans la corbeille.
Le souvenir hébété d'avoir cru à des anges bienfaiteurs qui n'existent que la nuit.

Insomnie.

© Isa - août 2013

1 commentaire:

  1. Je me retrouve totalement dans ton article. Peut-être parce que je le lis en pleine nuit d'insomnie. Ca me fait me sentir moins seule. J'aime et je déteste ce profond silence nocturne

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