Pages

lundi 19 août 2013

...la fille de ma mère...


Je ne suis pas celle qui lui ressemble le plus physiquement. Ma petite soeur Claire est son portrait craché & les gens n'ont de cesse de l'appeler "la petite Mino" (surnom de ma Môman donc).

Quand je m'arrange un peu --- à savoir quand je lisse ma crinière de feu & que je porte mes petites lunettes --- on me dit alors que je suis bien "la fille de ma mère" et il ne doit pas y avoir beaucoup de remarques sur mon physique qui me font plus plaisir que celle-ci.

Déjà, parce que ma mère, eh bien elle est jolie. Je pense que c'est une évidence même, que ce soit pour ceux qui la connaissent et qui donc savent qu'elle est belle, ou pour ceux qui me connaissent moi et qui donc savent que je l'aime si fort qu'évidemment je ne peux que la trouver belle. Ne parlons pas bien sûr de ceux qui par bonheur ont l'extrême chance de nous connaître toutes les deux.

Mais ce n'est pas la seule raison pour laquelle je suis flattée qu'on nous trouve une ressemblance. Et ce n'est pas non plus la plus importante à mes yeux.

Parce que dans les yeux de la petite fille que je serai toujours quand on parlera de ma maman, il n'y a pas que sa beauté que j'envie & admire. Je pourrais parler des heures de sa classe folle, à celle qui, sans jamais porter une seule jupe ou robe ni un seul trait de maquillage, n'en reste pas moins une vraie figure de féminité. C'est ce petit quelque chose dans sa démarche, ou peut-être ce petit truc dans sa posture, qui la rendent malgré l'absence de chichis bien plus femme que certaines qui s'affublent de beaucoup d'artifices pour espérer briller en société. Ma mère n'a pas besoin de se rendre femme, elle l'est, naturellement.

Ceux qui l'ont déjà croisée peuvent s'offusquer de la dureté de ses regards, de la fermeté de son visage. A ceux-là, j'ai envie de crier qu'elle a vécu tellement de vies dans sa jeune vie, qu'elle a souffert tellement plus souvent qu'à son tour, qu'elle a aimé tellement de personnes qui n'ont pas su lui rendre cet amour, qu'il est normal et évident qu'elle puisse paraître dure si on ne cherche pas à creuser un peu. Elle n'est pas très tactile, pas très affable certes. Mais quand on fouille sous le masque et la carapace qu'elle revêt quotidiennement pour ne plus être exposée à la méchanceté des uns et à la mesquinerie des autres, on trouve un puits de douceur & de l'amour comme il est rare d'en trouver : cet amour qu'elle ne dit que du bout des lèvres mais que tout en elle respire, tant elle aime aimer ceux qui l'entourent. Avec moi d'ailleurs, plus le temps passe et plus elle arrive à exprimer ses sentiments : elle m'aime, je le sais, elle me le dit, et elle me le répète avec bienveillance dans les moments où l'amour inconditionnel d'une maman est le seul pansement qui soulage un peu mes plaies.

Et elle est forte, ma mère. Elle a vogué sur des bateaux qui ont connu bien des tempêtes. Elle a beau être née sur une île, elle n'a pas connu que des jours de grand soleil dans la météo de son existence. Mais malgré la mer agitée, et malgré ceux qui ont pu lui reprocher de ne pas avoir le pied marin, elle a mené sa barque tant bien que mal et elle y est arrivée.

Aujourd'hui elle a fait de ses quatre enfants quatre adultes bien différents les uns des autres. Pourtant, aucune des pommes que nous sommes chacun n'est tombée bien loin de l'arbre. A notre manière, nous lui ressemblons tous.

Pour ne parler que de moi, par exemple : c'est d'elle que je tiens ma capacité à me lancer dans une histoire d'amour en faisant fi de ce que les autres autour en pensent, et grand bien m'en fasse d'ailleurs ; c'est d'elle que je tiens ma motivation pour me lever chaque matin et pour aller chercher dans un milieu parfois hostile le salaire qui tombera à la fin du mois ; c'est d'elle que je tiens mon aptitude à dire "je t'aime" et à câliner (et je vois bien en échangeant avec certain(e)s de mes ami(e)s que cela dépend grandement de l'éducation reçue) ; c'est d'elle que je tiens mon goût pour les mots et ma hantise des fautes d'orthographe ; c'est d'elle que je tiens ma conviction que quoi qu'il arrive et malgré les kilomètres, nous sommes et resterons toujours les membres liés et connectés d'une même famille.

Je l'aime d'un amour qu'il m'est difficile de mettre en mots... Je terminerai donc en disant simplement que j'en suis extrêmement fière, d'être... "la fille de ma mère"... !

© Isa - août 2013

1 commentaire:

  1. Quelle belle déclaration d'amour <3. Et cette photo, à la fin de l'article, pour le coup, la ressemblance est frappante. Beautiful Women !!

    RépondreSupprimer

Ça te parle ? Ça te plait ? [Ou pas, d'ailleurs ;-)]
Dis-moi tout !