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mercredi 18 septembre 2013

...envahie...

Je les sens arriver. Ils s'approchent à pas de loup, sournoisement, sans crier gare, alors ils croient que je ne les vois pas venir. Ils font peu de bruit, s'installent discrètement, espérant que je mettrai du temps à déceler leur présence. Doucement, tout doucement, ils envahissent chacune des parties de mon corps où ils ont pris l'habitude de se nicher. Et ils attendent.
Pas de chance pour eux, je suis maintenant complètement aguerrie à leur petit jeu. D'instinct, sans pourtant être en alerte - plutôt en veille - j'ai su qu'ils faisaient leur retour. J'aurais envie de leur crier de ne pas jouer à cache-cache avec moi, que ça ne sert à rien, que je ne suis pas dupe, mais pour l'instant je n'ai pas l'énergie pour le faire. Je reste donc passive, mais à l'écoute des signaux que je reçois.

Ils sont dans ma décision brutale d'aller dormir alors que je suis en plein milieu de quelque chose, comme pour fuir un état d'éveil qui m'est pénible. Ils sont dans mon sommeil lourd mais agité, profond mais en rien réparateur, peuplé de rêves dont je ne garde aucune image au réveil - juste des sensations, et pas les plus jolies. Ils sont dans la sueur qui perle à mon front quand j'arrive sur le quai de la gare de Plaisir - qui n'a jamais aussi mal porté son nom - quand je vois tous ces gens qui me paraissent tout à coup hostiles, ou méprisants. Ils sont dans cette absolue certitude, constante, que mon avis ne vaut pas grand chose et qu'il ne sert donc à rien de l'exprimer. Ils sont dans mes jambes qui se dérobent quand on s'adresse à moi alors que je voudrais ne pas être vue. Ils sont dans cette légère angine qui, bien que soignée, ne guérit pas, et dans cette douleur au milieu de mon dos qui apparaît sans que rien ne l'ait provoquée. Ils sont dans la difficulté à réaliser des tâches simples du quotidien, sortir le chien le matin, me démaquiller le soir, et tout le reste entre les deux, et dans l'effort conséquent à fournir pour les accomplir malgré tout.

Tu vois, j'ai pleinement conscience de la présence de tous ces symptômes qui, s'ils sont mineurs pris isolément, veulent dire quelque chose quand on les met bout à bout. Je les connais, les reconnais, je les sais sur le bout des doigts. Je connais leur valse par cœur. Ils arrivent et s'installent, un par un, et se cumulent, se mélangent pour être plus forts face à ma(mon) (in-)capacité à lutter.

La seule donnée que je ne maîtrise pas, c'est la durée pour laquelle ils sont là. Et comme je reste pour l'instant dans l'observation passive, dans la description sans analyse, plutôt que dans la tentative d'endiguement, ils vont encore gagner du terrain et prendre de l'ampleur, jusqu'au craquage. Sauf si j'arrive à me relever tout de suite et à décider que non, ils ne gagneront pas. 

Pardonne-moi si je te semble un peu ailleurs, un peu hors de la réalité que tu penses que l'on partage, parce qu'en fait, je ne suis déjà plus dans cette réalité là. Je suis dans une bulle où je rassemble mes forces pour la riposte. J'essaie, crois-moi.

© Isa - septembre 2013

3 commentaires:

  1. Tu les a identifiés, c'est déjà pas mal mais ne les laisse JAMAIS prendre plus de place.

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    1. Il ne suffit pas de le décider, malheureusement !
      ;-)

      *Commentaire initialement posté le 19/09/13 à 6h*

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  2. Quelqu'un a dit un jour "l'angoisse ne s'apprend pas" (mais je sais plus qui, lol)...il n'y a pas de remède miracle pour lutter contre cette "garce", mais je pense que c'est déjà un tour de force de pouvoir l'appréhender comme tu le fait...et c'est le meilleur début pour pouvoir lutter...
    Courage sweety
    SB

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