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mercredi 16 octobre 2013

...une blasée du mardi...

J'ai eu une révélation. Je dois donc commencer ce billet en présentant mes excuses à tous les lundis que j'ai insultés au cours de ma jeune vie (j'ai compté, j'en ai connu un peu moins de 1500). J'ai longtemps cru qu'ils avaient le monopole du jour bien dégueulasse, celui qui te fait systématiquement, une fois par semaine, sortir de tes gonds. Puis j'ai connu la journée d'hier et j'ai compris. 

On dit sur les passages à niveau qu'un train peut en cacher en autre, je pense qu'on devrait prévenir aussi sur les agendas. J'imagine quelque chose du style "ATTATIOOOON un lundi peut cacher une autre journée pourrie". Pour ne pas que les gens continuent de s'imaginer qu'ils peuvent dormir tranquille une fois qu'ils ont affronté le premier jour de la semaine. Qu'ils restent vigilants, en éveil. Parce que parfois, tu ne t'y attends pas, mais voilà que ça arrive : la journée du mardi est bien pire que la veille.

Hier donc. Réveil en fanfare à 5h de la nuit. Tu le sais que c'est inhumain de sortir de ton pieu à une heure aussi indue, mais tu n'as pas le choix, alors tu t'extrais péniblement de ta couette et pars affronter le monde. C'est un peu difficile, ça pique bien, d'autant plus que tu n'as dormi que 5 heures et que tu t'es couchée un peu alcoolisée (merci bien à la brillante idée que j'ai eue d'aller boire un coup avec mon meilleur ami en plein début de semaine)(attention il y a un léger euphémisme dans le "un peu" ci-dessus utilisé) et puis aussi un peu énervée parce tu t'étais pris la tête avec Chéri en rentrant (oui oui je te la fais souvent version amoureux fous mais parfois on s'engueule hein, on est humains quand même)(désolée pour la désillusion).

Tu répètes les gestes du matin un peu dans le coaltar, plus par réflexe que par réelle conscience de tes actes, mais tu te rends compte à la moitié de ta première cigarette que quelque chose n'est pas comme d'habitude. Ta tête fourmille, tes oreilles se bouchent, tu te sens coton. C'est une sensation familière que tu mets quelques secondes à reconnaître. Ça ressemble à s'y méprendre à quand tu es vraiment trop bourrée. Là tu réalises donc que tu n'as pas assez dormi pour dissiper toutes les vapeurs d'alcool de la veille. Ton premier réflexe à ce moment là est de courir aux toilettes pour tenter de sortir le mal de toi, en vain. Alors tu t'assois par terre, devant la cuvette sur le carrelage froid, et tu attends que ça passe. Tu te demandes même si tu vas pouvoir aller travailler. Au bout de dix longues minutes, tu as repris tes esprits, ta tête ne tourne plus, tu te relèves en croisant les doigts pour que tes jambes supportent ton poids. Ouf, ça marche.

Du coup, t'as perdu un peu de temps, tu n'en avais déjà pas beaucoup, alors il faut accélérer le mouvement. Tu reprends ta routine du matin, mais plus vraiment par réflexe maintenant, là il te faut réfléchir à chaque pas, chaque geste, ça se corse un peu. Mais tant bien que mal tu parviens à tout faire dans les temps.

Puis la journée s'enchaîne. Un train, puis un TGV, tu cours un peu, arrives en retard à ta réunion. Qui est longue, bien longue. Assez insupportable aussi, parce qu'il se dit des choses qui te font réagir de façon légèrement épidermique : le poil qui se hérisse et les oreilles qui saignent d'entendre certaines inepties. Et c'est reparti dans l'autre sens, tu te diriges d'un pas pressé vers le TGV retour, sous la pluie, en ayant peur de le rater et ce serait franchement une mauvaise nouvelle. Une fois installée à l'intérieur, tu te dis que maintenant, ça va aller, il y aura une dernière ligne droite à l'arrivée à Paris quand il faudra te dépêcher un peu pour avoir ton Transilien mais ça vaut le coup de se presser.

Le TGV entre en gare, tu te dépêches, salues les copains rapidement et te diriges vers le distributeur pour t'acheter un billet, et constates à ce moment là que ton train a été supprimé. Que tu vas devoir attendre le suivant, un bon quart d'heure après, et que c'en est un qui fait tous les arrêts de la ligne. Ton temps de trajet vient d'être multiplié par deux et ce moment que tu attendais tant, celui où tu franchis enfin le seuil de ton appartement, vient d'être repoussé d'environ 40 minutes. "What the fuck" diraient les Américains, et même si t'es pas Américaine, bah toi aussi tu le dis. 

Partie à 5h50, rentrée à la maison à 19h40. Après une nuit de quelques heures et avec une gueule de bois monumentale, tu n'es plus apte à supporter d'aussi longues journées. Tu n'as plus la fougue, plus la foi pour ça. Tu l'as quand même fait - tu n'avais pas vraiment le choix - mais tu es dans un état que tu n'arrives même pas à mettre en mots quand Chéri arrive et te dit "alors, cette journée ?". Il comprendra à ton regard désespéré que tu ne vas pas vraiment avoir la force de lui raconter.

On dit "jamais deux sans trois" mais je préviens les grands Dieux de la fatalité que je ne vais pas pouvoir affronter une troisième journée aussi pourrie que les deux précédentes. C'est au-dessus de mes forces hein. J'ai déjà fait un gros effort en me réveillant ce matin alors que je voulais faire l'impasse. Il s'agirait aujourd'hui de m'offrir un mercredi sympathique, tranquille. Pour me réconcilier avec cette semaine qui est fort mal engagée. Si cette requête, plutôt légitime j'te f'rais dire, venait à être refusée, je me mets en grève pour le reste de la semaine. Faut pas déconner.

© Isa - octobre 2013

2 commentaires:

  1. Dear Isa, c'est pas une vie, ça. Si t'avais été une parisienne au moins tu n'aurais pas eu à te démaquiller, tu aurais pu mettre tes cuisses dans ton tailleur pantalon, et tu aurais eu le temps de prendre ton Actimel avant de flotter prendre ton train. Mais non, les parisiennes comme ça n'existent que dans les magazines !
    Je ne te jetterai pas la première pierre...
    (et sinon, pourquoi n'avais-tu pas acheté un billet transilien aller-retour, pour éviter de faire la queue au distributeur de billet le soir?!!)
    ;-)

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    1. Parce que figurez vous Monsieur que je suis une adepte du "complément de parcours" à charger sur le Pass Navigo mais que celui n'est valable que 3h donc à acheter juste avant de voyager.
      Et sinon pour rappel NOOOON JE NE SAIS PAS FLOTTER ! ;-)
      Merci de ta fidélité.

      *Commentaire initialement posté le 16/10/13 à 13h40*

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