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lundi 7 octobre 2013

...pas un grand Chef (quoique !)...

Grosse journée. Un lundi quoi. Je t'ai fait le topo du réveil ce matin, je vais donc éviter de te faire le déroulé complet de la journée, rassure toi. Tout ce que tu as besoin de savoir c'est que c'était long. Intéressant, certes, mais long quand même. La machine à café à côté de la salle de réunion ne fonctionnait pas, l'un des membres de la Commission dont je fais partie est victime d'incapacité chronique à s'exprimer clairement et a, à l'inverse, une forte aptitude à me taper sur le système, le plateau repas de ce midi n'était vraiment pas fameux. Malgré tout ça, c'était une bonne journée, et encore plus après que j'aie quitté les locaux de ma boîte. (Toi même tu sais que c'est là que commence ta vraie vie, celle qui te donne envie de te lever le matin, y compris le lundi).

Pour introduire une petite bulle de bonheur dans cette journée jusque là emplie de masturbation intellectuelle pendant laquelle certains aiment à s'entendre parler tandis que d'autres font tout sauf écouter, j'ai décidé de réserver une petite surprise à mon amoureux (tu sais le mec qu'il y a tout le temps sur les photos à côté de moi)(oui oui celui-là même qui un jour a eu l'idée saugrenue de m'épouser)(je te jure c'est vrai j'ai même un livret de famille pour te le prouver) en lui concoctant un petit dîner romantique.

Bon en fait ça c'était ma première idée, mais c'était un peu compliqué à mettre en place du fait que quand tu ne sais pas cuisiner, le dîner aux chandelles se limite plutôt à enfourner un plat surgelé et à attendre que ça se passe tout seul. On est loin de l'effort surhumain pour mettre les petits plats dans les grands et faire plaisir à l'autre, hein.

La solution alternative dans ce cas là est donc de trouver ZE idée, avec un grand zed donc, de repas-tout-prêt-mais-qu'on-dirait-que-t'as-mis-trop-de-temps-à-le-préparer. Je ne suis habituellement pas douée à ce petit jeu (je suis donc obligée de me mettre aux fourneaux au grand désespoir de mes papilles gustatives -- et des siennes) mais là, j'ai été franchement aidée par la réminiscence d'une petite phrase de Chéri, qu'il répète en boucle depuis samedi et que je vais te citer telle quelle :"OH PITAIN JE MANGERAIS BIEN UNE RACLETTE".

Trop fastoche, me dis-je, sur le chemin du supermarché. Faire cuire des patates, déballer des boîtes de fromage en tranches et les disposer joliment dans une assiette, idem avec des boîtes de charcuterie, allumer deux bougies, le tour est joué. Pas vraiment besoin de s'appeler Eric Fréchon ou de tutoyer Norbert & Jean pour y arriver.

Première difficulté au moment de pénétrer dans Simply Market. Il n'y a pas moins de 376 variétés de charcuterie sous plastique, dont 327 de jambons. Evidemment votre bien dévouée n'aimant pas la charcuterie et ne connaissant que le jambon de Paris tout simple tout gentil que tout le monde aime bien, la chose n'est pas aisée. Un peu d'instinct, un peu de pif, je ressors de là épuisée, vidée de tout mon suc et allégée de quelques euros, peu confiante dans les choix opérés mais espérant que cela conviendra malgré tout.

Deuxième difficulté à la maison, dans le silence angoissant de ma cuisine dont les murs semblent me crier "hahaaaaa tu viens cuisiner ? on va bien se marrer !", ces traîtres n'ayant même pas la délicatesse de m'encourager pendant les quelques secondes où je réalise que je n'ai JAMAIS fait cuire des pommes de terre pour une raclette et que peut-être je vais me rater à cette étape de la préparation. Mais là, éclair de génie, Internet étant mon ami, je dégaine mon smartphone et lance une requête Google ultra glamour... : "comment faire cuire des patates pour une raclette ?" (j'ai failli ajouter "je te donne un rein si tu me réponds de façon claire et précise" mais je n'ai pas osé)(ce fut peut-être là mon tort d'ailleurs). Là, 476 façons de faire à peu près. Sans compter les résultats qui n'ont rien à voir, comme "préparer ses pommes de terre façon raclette" où toute la nuance est dans le "façon" subtilement placé.

Je sais que normalement on dit que "jamais deux sans trois", mais j'ai beau chercher, je ne trouve pas de troisième difficulté à t'énumérer. Non pas que je sois une reine de la raclette party, quoique maintenant je pense en maîtriser les bases rudimentaires sache le, mais surtout que, quand tu es portée par l'envie de faire plaisir à l'autre et de le surprendre, bizarrement tes mains s'affolent toutes seules dans un ballet absolument pas contrôlé, peut-être pas parfait, mais quand même sacrément efficace. Dresser de jolies assiettes, allumer des bougies odorantes placées comme des chandelles, astiquer des verres de vin qui ne servent que quelques fois par an alors que Chéri est un vrai amateur de la chose... Tout vient plutôt naturellement, finalement. 

Certains disent que l'Amour donne des ailes, ce soir il m'a été prouvé qu'il me donnait la capacité à bien faire. Parce que quand c'est pour lui que je le fais, peu importe que je sache choisir les ingrédients, la principale épice restera toujours son regard ému quand il découvrira ma surprise, et peu importe que je sache faire cuire une pomme de terre, il n'y a que de mon amour qu'il s'est nourri ce soir au dîner.

Et ça tu vois, c'est peut-être pas de la grande cuisine, c'est peut-être pas dans tes livres de recettes, ça ne mérite peut-être pas d'être diffusé dans Top Chef mais nous... nous on s'est régalés !

© Isa - octobre 2013

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