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jeudi 10 octobre 2013

...en situation d'échec...

Aujourd'hui j'ai failli. 

Je vais essayer de vulgariser un peu parce que ça ne va pas vraiment te parler à toi, ça concerne le boulot, mais j'ai quand même besoin de le raconter. Et puis je m'étais promis ce matin que je viendrais te livrer un petit mot ce soir, parce que sinon après tu te plains de mes absences longues répétées et moi je culpabilise. J'aimerais bien te raconter une belle victoire, un "parce que je suis aussi... au toooooop de mon excellence" qui te ferait croire que je suis vraiment une nana hors pair. J'voudrais bien... mais j'peux point, tu vois. Parce qu'aujourd'hui... j'ai failli.

J'ai passé la journée en réunion sur un sujet qui m'intéresse et sur lequel j'ai des trucs à dire. Des trucs que si je ne les dis pas, personne ne peut le faire à ma place, car personne d'autre que moi ne pouvait témoigner de ce à quoi j'avais assisté plusieurs mois plus tôt et qui était complètement passé sous silence dans le compte-rendu qu'on nous restituait aujourd'hui.

J'avais tout prévu pourtant. Discuté avec une collègue pour être sûre de ne pas dire de bêtise, pris plein de notes, préparé des tournures de phrases pour ne pas me sentir démunie le moment venu. Vérifié les chiffres, une fois, deux fois. Surligné des pans entiers du rapport. Relu mes notes au réveil, puis encore dans le train, puis une dernière fois avant le début de la réunion. Tout était parfaitement limpide sous mes yeux et dans ma tête. Je savais même à l'avance que ce que je voulais dire était tout à fait légitime et que j'aurais le soutien de mes camarades autour de moi, à la moindre difficulté. Bref, tout était calibré au millimètre près.

Et pourtant... j'ai failli.

Failli me racler la gorge et m'éclaircir la voix. Failli prendre la parole. Failli contester ce que le monsieur disait, ou le nuancer en tout cas. J'ai failli intervenir. Dix fois, cent fois, mille fois peut-être. Je n'ai pas pu compter, tant le sentiment de honte grandissait à mesure que la fin de la réunion approchait. Mais il y a eu beaucoup d'occasions ratées. Trop, même. Que ça, d'ailleurs.

Alors pour ne pas me concentrer sur mon incapacité à dire, j'ai regardé les autres prendre la parole avec une aisance que j'admire, que j'envie, que je jalouse. Évidemment, cela n'a fait que renforcer le gigantesque sentiment d'échec qui s'est transformé, depuis que je suis sortie de cette salle, en goût amer à l'intérieur de ma bouche. La couardise et la lâcheté n'ont aucune saveur sucrée...

Je vais sûrement tirer des conclusions de ce qui s'est passé - ou plutôt de ce qui ne s'est pas passé - aujourd'hui. Des conclusions qui ne seront pas que des constats insipides et sans réflexion tels que "je n'ai pas pu". Mais pas maintenant... 

Parce que là tout de suite, la seule chose qui me vienne à l'esprit, c'est qu'aujourd'hui, j'ai failli. 
De faillir qui veut parfois dire "faire presque" mais aussi de faillir qui veut dire "échouer". 
J'ai presque fait quelque chose de bien, mais j'ai échoué.
Game over. Fail. Echec.

© Isa - octobre 2013

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