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samedi 22 février 2014

...déglinguée...

Évidemment, Isa. Évidemment que tu n'y arrives plus, que c'est tout cassé et tout tordu.

Tu sais bien pourquoi d'ailleurs. C'est à cause d'eux. Encore. De ta peur de les décevoir. Encore.

Quand le petit dernier est sorti, tu n'y croyais pas vraiment. Ton style habituel... mais un sujet qui change. Un sujet qui n'est pas toi. Tu n'étais pas dans la maîtrise mais tu t'es appliquée. Pas eu besoin de grand chose d'ailleurs, c'est venu tout seul, comme d'habitude, sauf que là cette fois tu avais le regard extérieur de l'auteur qui parle enfin des autres. Ça t'a fait un peu peur, tu sais pas trop ce que tu vaux quand t'as ce regard là, mais t'as aligné tes mots, t'as même pas relu pour pas être tentée de tout effacer, t'as cliqué sur "publier" et t'as levé les yeux au ciel en une prière muette pour que ça résonne chez quelqu'un. Ne serait-ce que chez une seule personne, tu te disais. Ce serait déjà ça de gagné.

Et putain ça a marché. Décollage immédiat vers le succès inattendu. Des compliments de partout, des partages, des nouvelles personnes qui débarquent juste pour ça, pour t'encourager à continuer, t'en redemander, te motiver.

T'avais pas vraiment prévu ça. Bien sûr tu avais mis un "round 1" dans ton titre, et ça sous-entendait qu'il y en aurait d'autres. Tu l'avais vaguement imaginé en plusieurs parties, une sorte de saga, certains savent faire, pourquoi pas toi. Et voilà que eux aussi le voient comme ça, réclament une suite, une fois, deux fois, tu commences à t'y mettre et putain ça sort pas.

Évidemment, Isa. Évidemment que ça ne sort pas.

T'as tout essayé en une semaine. L'ambiance habituelle à base de Bon Jovi dans les oreilles. La concentration extrême en arrivant plus tôt au boulot pour avoir le temps de dégainer quelques mots. La technique du petit carnet où tu jettes des bouts de phrase dès qu'ils t'arrivent dans la tête. T'en as noirci des éditeurs de textes, pour les reblanchir illico quelques minutes après, tellement tout ce qui vient c'est de la merde.

T'es montée d'un cran la dernière fois, ils ont vu un truc nouveau et ils ont bien aimé ça. Paye ta difficulté à de nouveau atteindre la barre que t'as placé un peu trop haut. Paye ta frustration de ne pas trouver de quoi les contenter. Paye ton incapacité à vider le réservoir qui commence à déborder. Parce que tu le sais Isa, tu le sais bien quoi, si t'écris pas pendant plus de trois jours c'est tous les boulons de ta tête usée qui commencent à sauter. C'est tes nuits qui ne te reposent plus et tes journées remplies de mots qui se bousculent juste là au bout de tes doigts sans jamais vouloir être posés. C'est aussi et surtout la distance que tu mets avec les gens qui t'attendent, ceux qui veulent tes mots et ceux qui veulent que tu lises les leurs. C'est toi qui t'isoles, qui fais semblant, qui parles d'autre chose, qui fais diversion un peu même. Regardez par là-bas, tu leur dis en montrant du doigt. Mais ils ne sont pas cons, ils gardent les yeux fixés sur le doigt, ils savent que c'est par là que la délivrance arrivera.

Un jour peut-être Isa, un jour peut-être tu y arriveras. Tu pianoteras de nouveau, ça sortira tout seul, tu kickeras de nouveau et tu aimeras ça.

En attendant... bah #PlumeCassée tu vois.

© Isa – février 2014

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