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lundi 3 février 2014

...collectionneuse d'habitudes...

Les habitudes ont la vie dure pour les nanas comme moi. Je m’accoutume d’un rien, trois fois d’affilée et ça y est c’est ancré et gravé dans la roche, trois fois d’affilée et je m’imagine que ce sera toujours le cas, tous les jours, à vie.
Faut dire aussi qu’en parfaite cumularde des addictions, j’ai une tendance naturelle, un penchant incontrôlable, pour la collectionnite aigüe, pas tant des choses et des objets puisque Mâdâme n’est pas du genre matérielle, mais surtout des petits rituels impliquant l’Autre avec un grand A parce que je ne parle pas de quelqu’un en particulier mais de tout un chacun. Du coup oui tu as raison d’avoir peur que peut-être je parle de toi, puisque forcément quelque part je parle de toi.

Je suis donc la fille qui va chouiner si, après 3 matins où tu seras venu vers elle pour lui demander comment s’est passée ta soirée de la veille, tu l’ignores superbement au matin du 4ème jour. Tu auras pourtant une bonne raison de le faire hein, ce ne sera sûrement pas lié à elle d’ailleurs, mais elle va de suite crier à l’abandon. Direct. Sans même te laisser la moindre chance.

Je suis donc la fille qui va hurler à la MECHANCETAY gratuite si, ce midi, tu ne lui amènes pas le verre d’eau que tu lui as toujours amené. Si tu descends fumer une cigarette avec quelqu’un d’autre qu’elle. Si tu ne lui proposes pas l’habituel café du matin, si tu ne réponds plus à ses messages alors que vous avez toujours tellement échangé, si tu oublies de la complimenter sur sa nouvelle coupe de cheveux alors que tu l’as toujours systématiquement fait.

Je suis la fille qui, dès qu’elle peut, se rend accro au moindre signe d’attention que tu voudras bien lui accorder et pleurera toutes les larmes de son corps au moindre signal de diminution de l’intensité. Et après les larmes la parano – « bon bah voilà, il/elle ne m’aime plus, je le savais hein que ça ne pouvait pas durer » - et après la parano la colère – « d’façon c’est qu’un connard/une connasse » - et après la colère le déni suprême – « j’m’en fous moi non plus je l’aimais pas » - et enfin après le déni le faux mépris de derrière les fagots – « en même temps il/elle ne me mérite pas du tout du tout hein ».

Evidemment toi en face tu vas pas bien piger, parce que merde t’étais juste occupé à sortir le chien – faire faire les devoirs à ton gamin – récurer tes chiottes – dîner avec ta mère – faire l’amour à ta femme – bosser sur un dossier méga important – t’isoler un peu pour te retrouver avec toi-même ou peut-être tout ça à la fois. T’avais juste pas le temps, pas la disponibilité de t’occuper de Mâdâme, c’est pas que tu l’aimes plus mais bon t’as une vie aussi, et puis merde elle est chiante elle aussi à criser dès lors que tu ne t’affoles pas pour elle tous les quarts de seconde quoi. (Du coup note que toi aussi tu traverses plusieurs phases, ça démarre par l’incrédulité pour échouer sur la colère et entre les deux tu t’interroges sur ce que t’as mal fait et moi je me délecte de te voir culpabiliser parce que bon ton absence d’attention m’en a bien fait baver alors tu mérites de cogiter un peu dans d'atroces souffrances).

Bref, tout ça pour te dire à toi là, te cache pas c’est à toi que je cause, pas la peine de baisser les yeux tu sais bien que je vais te relever la tête pour que tu m’écoutes avec toute ton attention et puis que tu comprennes bien, tout ça pour te dire donc, fais gaffe à pas trop être là, fais gaffe à pas laisser s’installer de rituels, fais gaffe à pas te montrer présent quotidiennement… Fais gaffe bien fort parce qu’en face t’as une nana accro à tout ça pour qui tu vas vite devenir indispensable et ce serait ballot, hein, tu crois pas ? Parce que toi qui deviens indispensable, c’est moi qui aies peur de l’abandon toutes les 36 secondes, et ça fatigue un peu, beaucoup même. Ca use quoi. Et puis en plus le jour où t’auras pas le temps, on devient quoi ? Moi une furie, toi la cible de ma colère. Et on a pas envie de devenir ça, non non non on a pas du tout du tout envie de devenir ça, ni toi, ni moi.

© Isa – février 2014

2 commentaires:

  1. Comment fait tu pour etre si vraie dans tes propos .
    Simplement merci"puisque forcément quelque part je(tu) parle(s) de toi(moi)."

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    1. Je n'ai aucun mérite, je ne parle que de ce que je connais, égocentrisme quand tu nous tiens :)
      Bienvenue chez moi.

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