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mardi 22 avril 2014

La proie

C’est que tu arriverais presque à me faire tourner la tête, toi. Ta gueule d’ange, ta bouche en cœur, ton regard noisette et la peau piquante de ton visage y contribuent forcément. Un peu. T’es là à t’exposer sans pudeur sous mes yeux voyeurs de femelle échaudée par le printemps et les hormones, tu te montres et encore et encore et Dieu que tu es beau et Dieu que tu le sais. Evidemment tu en fais beaucoup, des tonnes, des caisses, tu exhibes tout, tu ne m’épargnes rien, tu donnes sans faire dans la dentelle de la demi-mesure. Tu es fort d’une double certitude, d’abord la confiance inébranlable en ton charme ravageur et puis la conviction qu’en faire beaucoup ne sera jamais trop pour moi. Tu m’as cernée, je crois.

Il n’y a pas grand-chose de plus que ça qui compte aujourd’hui. Victime de tes assauts sous forme de surexposition visuelle, je me laisse envahir par la curiosité d’en voir toujours plus et mes yeux se délectent du spectacle offert sans jamais n’en rater la moindre miette. Et plus je contemple plus j’ai faim de toi, je me sens avide, en attente, désireuse de mettre de l’odeur, du toucher et du mouvement à l’intérieur des images statiques que tu m’envoies. Il me faudrait le son de ta voix, il me faudrait ta peau sous mes doigts, il me faudrait tes lèvres qui remuent et se tordent en un sourire que je devine, d’avance, naissant de la satisfaction du mâle conquérant.

Tu as fondu sur moi comme un prédateur sur sa proie, l’air de rien, de ne pas y toucher, comme si tout coulait naturellement et que tu ne cherchais pas à me séduire. Ce n’est pas un objectif pour toi. C’est juste la conséquence logique de ton hyper-sensualité, de ton hyper-sexualité, ce truc que tu dégages sans même essayer de le faire, avec ton  talent inné pour inspirer le désir et l’envie et les fantasmes. Tu es sacrément doué pour ça…

Me voilà maintenant pantelante et empressée, curieuse, troublée, à la toute dernière limite d’être conquise et séduite et il me faudrait pour l’être totalement que nos échanges prennent corps dans une réalité en trois dimensions à l’intérieur de laquelle il y aurait bien plus qu’une virtualité frustrante. Me voilà maintenant affaiblie par mon envie de plus, et vite. Beaucoup plus, très vite.

Affaiblie et vulnérable donc, parce que déjà plus tout à fait sur la terre ferme : le désir fait flotter parfois. Pourtant, je sens encore suffisamment de puissance en moi, suffisamment de force et suffisamment de courage pour avancer vers ce à quoi je me dois de tendre pour ne pas me perdre totalement ; ce but, cet horizon, cette destination, c’est l’équilibre de nos deux états, c’est la remise à niveau de ce qu’il y a en moi pour toi et de ce qu’il y a en toi pour moi. L’étape suivante consiste donc à t’amener sur la marche sur laquelle je me trouve, je m’y sens un peu seule et j’ai envie et besoin que ma faim trouve un écho en la tienne, envie et besoin de ne plus être la seule de nous deux à en vouloir plus, et vite. Beaucoup plus, très vite.

Il est donc maintenant temps de dégainer mes quelques armes, d’affûter mes lames, d’ajuster mes tirs. La cible est en mouvement mais trop appétissante pour que je me laisse déborder par sa furtivité, il me faudra peut-être du temps, un peu de chance et beaucoup de talent mais j’ai l’énergie suffisante et renouvelable. La motivation est un carburant inépuisable…

Te voilà prévenu que j’arrive, donc. Profite encore un peu de ta longueur d’avance, je vais m’employer très bientôt à la résorber totalement. Il est temps que tu flottes tout autant que moi.

Prêt ? Attention, me voilà.

© Isa – avril 2014

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