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mardi 8 avril 2014

Juste seule...

Y a toujours un truc qui se cache derrière tes mots. Toujours. Un sens caché, un destinataire non mentionné, une possible interprétation, un message subliminal. Toujours.

Tu as tout un attirail pour ça. Tu évoques, tu suggères, tu utilises à contre-sens, tu emmêles les définitions, tu joues avec ta ponctuation. Tu varies le rythme, le tempo, la cadence, tu te fais parfois eau stagnante qu’on ne voit même pas frémir, parfois cascade qui se déverse dans un vacarme assourdissant, parfois torrent déchaîné dont l’autre subit sans broncher ou presque le débit difficilement maîtrisable.

Tu parles ou tu te tais, tu fixes ou tu regardes ailleurs, tu assumes ou tu rougis, tu te montres ou tu te caches, les postures ne sont jamais tout à fait les mêmes et ont pourtant l’ambition commune de contraindre l’autre à entrer dans le jeu  pour y jouer selon tes règles ou à disparaître sans possibilité de retour. L’alternative n’existe pas, il n’y a que ces deux choix, les deux seuls que tu lui laisses, il ne peut en être autrement, tu ne sais pas faire autrement, il est hors de question qu’on te change et il n’est pas envisageable non plus de te travestir pour rentrer dans le moule, dans les cases, dans le rôle qu’on voudrait te voir endosser.

Maîtresse de ta vie, donneuse d’ordre de ton corps, décideuse de ta trajectoire, partout, toujours, tout le temps, en toutes circonstances. Les ralentisseurs et les bosses sur la route n’ont jamais eu raison de cette volonté farouche d’être la seule aux manettes, tu es le pilote de ton bolide et tu maîtrises ta progression au gré de tes envies : parfois avancer à toute vitesse, parfois prendre le temps de regarder les paysages autour… Tout ça ne dépendra jamais de la personne installée sur le siège d’à côté, ni de la destination, ni du temps qu’il fait ; tout ça ne dépendra toujours que de toi. C’est toi qui décides.

Tu ne donnes pas grande latitude à tout ce petit monde qui gravite autour et on pourrait te montrer du doigt en criant à l’égoïsme. Parfois, tu remets en question ce mode de fonctionnement, tu t’interroges, tu hésites à poursuivre. Puis tu te souviens qu’on naît et qu’on meurt seul, qu’on n’est qu’un et unique, que les autres ne font que passer, que certains s’installent plus ou moins longtemps et prennent plus ou moins de place, mais qu’au final, au bout du bout, il n’y a que toi.

Il n’y a que toi et cet unique choix que tu leur donnes : rester ou partir, prendre ou rejeter, accepter ou fuir.

Toi, tu assumes avec force ce choix que tu n’as même pas, puisqu’il te faut rester, prendre, accepter, vivre avec celle que tu es sans possibilité de t’abandonner. Tu t’armes de courage, tu relèves la tête, tu es telle que la vie t’a faite et ce n’est ni bien ni mal, c’est comme ça. Tu joues avec les cartes posées là sur la table, et tu vis.

Attendant avec une curiosité mêlée d'impatience de voir qui voudra bien jouer et vivre avec toi.

© Isa – avril 2014

3 commentaires:

  1. Rooolalala, Isaaaaa... Que c'est touchant, juste et vrai. Merci pour ce magnifique billet, si bien rédigé

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    1. Merciiiiiiiiiiiii !
      (Mais GRRRRR de ne pas dire qui tu es. Frustration de OUF).

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    2. Françoise... Cliqué trop bas...
      Bravo encore une fois pour ton dernier post, celui d'aujourd'hui. Si ça n'est pas un mini roman, quelle chance folle vous avez eu de vous trouver... Bises tendres vers toi

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