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dimanche 16 mars 2014

Le début

Ça fait des années que l'envie est là. Parfois extrêmement violente à base de "faut que je m'y mette maintenant" lancinants qui te vrillent le cerveau et grillent tout le reste autour. Parfois juste en sourdine, en fond sonore pas loin, quelques "ce serait bien que..." que t'arrives à mettre de côté pour pouvoir vivre les autres trucs qui remplissent ta drôle de vie.

Ça fait des mois que ça bouge un peu. D'abord l'ouverture timide d'un espace d'expression, c'est pas le premier mais c'est vraisemblablement celui dans lequel tu t'impliques le plus. Tu y es assidue, acharnée, tu y passes beaucoup de temps. Tu t'entraînes, tu fais tes gammes, tu aiguises tes mots, tu définis le style, tu l'affines, le diamant est là quelque part au fond alors tu tailles tout autour, t'y vas cash, franco, ça passe ou ça casse tu t'en fous un peu mais pas trop, juste ce qu'il faut pour rester sensible à comment c'est perçu. 

Ça fait quelques semaines que tu penses t'être trouvée, y a quelque chose qui te plaît dans ce que tu fais, quelque chose qui te fait dire que ça y est, que ça te ressemble, que c'est toi dans chacun des billets qui sortent, ta plume à toi, pas celle que tu aimes lire chez les autres et que tu t'acharnes à copier sans grand talent, non, là c'est bien la petite meuf au fond qui se montre, elle s'est cherchée, elle s'est trouvée, maintenant elle se partage telle quelle. Brute, torturée, à prendre ou à laisser, sans compromis. Y a un lectorat derrière, une petite team encourageante, quelques fidèles qui te disent que la méthode est la bonne et qu'il n'y a plus qu'à tracer la route maintenant. Le champ des possibles est immense, à toi de choisir où tu vas puisque maintenant tu sais comment et avec quels bagages et avec quelle énergie t'es capable d'y aller.

Ça fait deux jours que l'envie s'est transformée en projet, muée par les injonctions des quelques irréductibles qui affirment que tu n'as pas d'autre choix que celui de te lancer, qu'il le faut, qu'il est temps, qu'elle est là la suite des événements, ni ailleurs ni à un autre moment, c'est ici, c'est maintenant, ça te prend et putain ça fait 48 heures que ça te lâche pas et c'est effrayant et ça fait gigoter toutes tes tripes dans tous les sens mais c'est grisant et tes neurones aussi gigotent alors on est dans la configuration optimale. La peur et l'envie. Les nerfs de la guerre, baby.

Ça fait donc maintenant quelques heures que le projet s'est transformé en plan d'actions. Tu as sorti un cahier, tu en as noirci les premières pages, tu n'as pas encore écrit la moindre ligne, le moindre mot mais déjà l'histoire a pris corps, elle est dans ta tête et elle s'affiche sous forme de tirets sur la trame que tu as griffonnée hier soir. Les personnages sont calés, tu les as créés, tu sais à quoi ils ressemblent, tu connais chacun de leurs défauts et ce qu'il te faudra gommer, tu maîtrises chacune de leurs qualités et ce qu'il te faudra sublimer. Tout est enclenché, tout est né. A toi d'arroser, de faire pousser, de guider.

On y est.

© Isa - mars 2014

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