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lundi 19 octobre 2015

Encore... ?

Il pourrait presque encore sentir l'empreinte de ses doigts sur son corps. Leur étreinte, furtive, tardive, ultime souvenir d'un tête à tête qui va bien au-delà du corps à corps, avait laissé quelques sillons de braise incandescente là où, plus tôt, elle avait posé ses mains, et il en était encore à se demander si les vestiges de ce contact physique le marquaient autant ou plus ou moins que tous les mots qu'elle sortait d'elle, définitifs, affirmés, pleins d'une force qui allie fragilité et assurance, cocktail indescriptible qu'il ne savait plus comment avaler.

Elle avait un peu tout bouleversé. L'ordre établi, la routine, le quotidien, la façon de communiquer, les envies, les besoins, les manques aussi, elle avait créé des manques là où justement il avait aménagé la place nécessaire pour combler tous les vides qu'il sentait en lui, elle était arrivée, avait souri, l'avait regardé, un peu écouté, doucement flatté, elle avait manifesté de l'intérêt sur les petits détails qui ne passionnaient plus son entourage depuis bien longtemps, détails qu'il avait lui-même choisi d'oublier, elle était arrivée et avait un peu tout bousillé ce qu'il avait de certitudes et de courage et de force, elle l'avait rendu vulnérable, Dieu qu'il n'aimait pas se sentir vulnérable, mais elle l'avait en même temps empli d'une confiance en lui nouvelle, Dieu qu'il aimait se voir beau dans ses yeux.

Il ne savait plus où il en était, comment donner suite, comment fermer la parenthèse, voulait-il vivre cette histoire, avait-il les épaules pour, devait-il y mettre un terme, avait-elle la force de vivre cette rupture, se devait-il d'arrêter de jouer avec le feu, était-il capable de cesser de se brûler, était-elle en attente d'être préservée, était-ce à lui de la protéger d'eux ?

Et plus il y pensait, plus il se disait qu'il ne pouvait se résoudre à s'arrêter là, que c'était bon, vraiment bon, que c'était un peu magique, que ça frisait l'indicible un peu, que ça le faisait envoyer des messages niais d'une façon qu'elle trouvait touchante, et qu'il aimait assez qu'elle le trouve touchant, c'était chouette de la toucher, de l'émouvoir, de lui plaire, de l'exciter, de le faire sourire, de la faire réagir, de déclencher une palette infinie d'émotions dans son regard vert, il était fou de ses yeux verts, ils lui envoyaient tellement de choses, de mots d'amour silencieux, d'intentions inavouables, de paradis inatteignables ailleurs qu'ici, dans le confort de ce regard qu'elle ne destinait qu'à lui.

Plus il y pensait, plus il était convaincu que cette histoire devait être vécue, et qu'importent les risques, il les maîtriserait, qu'importent les dangers, il les affronterait, qu'importent les conséquences, il les assumerait, il savait qu'elle était bienveillante, qu'elle ne pouvait lui faire que du bien, il savait aussi et surtout qu'il était grand temps qu'il se perde dans la bulle de bonheur qu'elle avait à lui offrir, cette bulle à deux, intime, hors du temps, suspendue, surréaliste, leur bulle à eux, quelques minutes, quelques heures, quelques jours, quelques semaines, et qu'importe le temps que ça durerait, il s'en nourrirait jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'ils soient tous deux repus, rassasiés, épuisés, qu'importe la fin qui se  profilait inéluctablement, il était hors de question de déjà l'envisager.

© Isa – octobre 2015

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