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samedi 23 novembre 2013

...si faible face à la tentation...

Tu crois que tu tiens les rênes de ta vie entre tes mains, tu te trompes mon grand. Tu n'es que la victime d'envies bien plus fortes que toi, de désirs qui te poursuivent jusqu'à l'assouvissement. Tu subis déjà les événements climatiques, les horaires imposés par ton boss, le rythme éreintant de tes journées de travail, la vie qui coule autour de toi sans que tu ne puisses en maîtriser la cadence, mais tout ça, ça ne te suffit pas.

Comme pour rajouter une couche face à tous ces éléments hors de ton contrôle, tu ne parviens pas non plus à respecter les limites que tu t'étais fixées et qui ne dépendent que de toi, à rester dans le cadre dont tu as la seule jouissance du dessin, à marcher sur le trait qui est pourtant bien droit, pour une fois*.

Tu fais comme si tu allais pouvoir résister à la tentation, mais tu sais déjà que ça te dépasse et puis y a Oscar Wilde qui te balance en boucle sa rengaine entêtante**. Alors tu y vas. Tu es là devant ce grand bassin qui t'attire et pour montrer aux autres que tu restes dans la maîtrise de toi, tu n'y trempes qu'un orteil, doucement, timidement. C'est un peu froid mais ça te ravive, ça déclenche un frisson qui monte le long de ta jambe d'abord puis continue sa course folle pour arriver là où c'est si bon, juste là au creux de ta nuque. En laissant sur son passage une douce chaleur dans le bas de ton ventre et des saccades de plaisir au fond de ta poitrine. Te voilà électrisé, envoûté, hanté, te voilà foutu, tu as goûté et merde c'est vachement bon.

L'orteil mouillé est vite rejoint par ses copains, puis le pied tout entier, puis la jambe, puis l'autre jambe. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire plouf, tu es tout immergé, l'eau est maintenant au niveau de tes épaules, le froid t'enveloppe, fait raidir tes muscles. Et ta peau qui devient écailles pour mieux te protéger, et tes poumons qui deviennent branchies pour te permettre de respirer, et ton cerveau qui se félicite de cette admirable capacité d'adaptation qui t'aidera toujours à survivre en milieu hostile.

Et puis ta tête s'enfonce elle aussi, tes cheveux s'en décollent, flottent, et tu brasses l'eau pour ne pas couler, et tu te sens léger, enfin, là dans ton élément, là où ton corps ne pèse plus son poids, là où tu ne touches plus terre, là où il est si facile de se laisser dériver.

Tu entends de loin les voix qui t'assènent de rester prudent, de ne pas aller trop loin, de ne pas descendre trop profond, de revenir vite. Mais c'est déjà trop tard, et la sensation est déjà bien trop forte, tu es si bien là, tu attendais ça depuis tellement longtemps, et ça dépasse et de loin tout ce que cela te promettait de jouissif, ça s'est emparé de toi et tu n'as plus le pouvoir de lutter.

Tu as croqué dans la pomme, tu t'es fait dévorer.
Tu as cédé à la tentation.

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Références :
* l'histoire du trait tout droit est expliquée ici.
** la rengaine de Mr Wilde c'est "Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c'est d'y céder. Résistez et votre âme se rend malade à force de languir ce qu'elle s'interdit". Ça te parle, hein ? 
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© Isa - novembre 2013

4 commentaires:

  1. Ya bon la tentation...

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    1. Les commentaires anonymes SAYLEMAL.
      ;-)

      *Commentaire initialement posté le 23/11/13 à 18h*

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  2. ah? est-ce pour cela que les Destiny's chantaient "SAYMYNAYM"?
    :-p

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    1. #TuSors.

      ;-)

      *Commentaire initialement posté le 27/11/13 à 15h*

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