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mardi 4 novembre 2014

Le verre est là.

Bien sûr que tu as peur. Bien sûr que c’est difficile, faire le grand saut, plonger dans l’inconnu, quitter la zone de confort. Bien sûr que tu as conscience de tous les risques que tu prendrais, celui de tomber, de mal te réceptionner, de te blesser au-delà du physiquement supportable, de ne pas savoir stopper l’hémorragie. Bien sûr que tu te dis que tout ça demande trop de courage, celui que tu n’as pas, que tu penses n’avoir jamais eu d’ailleurs, et puis le temps passe et tu te crois trop vieux pour tout ça, pour te réinventer, pour reconstruire une vie, pour poser la toute première pierre d’un tout nouveau chantier.

Et pourtant…

Si tu changeais l’angle de vue, ne verrais-tu encore que les obstacles et les risques et l’immense probabilité que tout se casse la gueule ? Si tu regardais autrement, n’y aurait-il sous tes yeux que des lendemains incertains, la douleur des uns et des autres, ceux que tu laisses et ceux pour lesquels tu décides de changer ? Si tu y mettais un prisme différent, les couleurs seraient-elles encore si sombres, encore si floues, encore si fades ?

Le verre est posé là, devant toi. La ligne séparant le liquide du vide le divise à l’exacte moitié de sa hauteur. Comment choisis-tu d’en parler ? Comment choisis-tu de le voir ? Te rends-tu compte que c’est un choix qui n’appartient qu’à toi ? Te rends-tu compte que de ta propre perception découlera toute une vision du monde qui t’entoure, du monde dans lequel tu évolues ? Et de ta place en son sein ?

Et toutes ces peurs qui te retiennent, existent-elles ailleurs que dans ton imaginaire ? Ailleurs que dans tes intestins qui dansent la gigue face à l’ampleur des choix que tu as à faire ? Ailleurs que dans tes jambes qui flanchent devant la route qu’elles ont à emprunter ? Evitent-elles le danger ?

Et si tu répondais à la peur par l’espoir ?
Et si tu répondais à l’incertitude par la confiance ?
Et si tu répondais aux ombres par la lumière ?

Et si, plutôt que d’avoir des doutes et des remords et des a priori sur ce qui t’attend, tu t’entourais de volonté, d’optimisme, de puissance ?

Tes lendemains n’appartiennent qu’à toi, aussi entouré puisses-tu être par les personnes qui te sont chères, tu mourras comme tu es né. Seul. Tu vivras comme tu t’es construit. Seul. Les autres sont parfois béquilles, parfois tuteurs, mais souvent simples compagnons de route. Ce n’est pas à eux de choisir comment tu dois pousser. Ce n’est pas à eux de décider de la direction que tu as à prendre. C’est à toi de grandir et d’avancer, motivé par l’énergie qui te secoue le ventre, encouragé par tes premières pensées au réveil le matin, apaisé par les dernières images qui défilent sous tes yeux clos le soir. C’est ce qui te tient éveillé entre les deux, ce qui te donne le courage et la force de vivre tes journées, ce qui t’aide à tenir quand tu vacilles, ce qui te fait rêver, ce qui te sert de refuge, ce dont tu as besoin en permanence, ce que tu cherches autour de toi quand tout le reste flanche, ce sur quoi tu t’appuies, ce qui te fait sourire, ce qui te fait du bien, ce qui te soulage, ce qui t’apaise, c’est tout ça qui t’indique la route que tu dois prendre. Et peu importe s’il faut pour cela te séparer de ceux qui t’accompagnaient jusque là, peu importe que tu l’empruntes seul, et peu importe ce qu’il y a au bout. Avancer en harmonie avec tout ce que tu es là maintenant, avec celui que tu es devenu au fil des années, avec l’homme qui est né de l’enfant que tu as été et de tout ce qu’il a vécu depuis, c’est déjà être en bonne compagnie. La meilleure. La seule qui compte vraiment.

N’être que toi, ne marcher que vers là où toi tu as besoin d’aller.

Bien sûr que ça fait peur… Mais ça reste le seul moyen personnel, intime, valable et cohérent d’exister. Le reste n’est que futilité, ce sont des barrières, limites, contraintes, que tu te fixes comme des œillères t’empêchant de te réaliser. Est-ce réellement comme ça que tu envisages ton avenir ? Ne te dois-tu pas, à toi-même déjà, à ceux qui t’aiment réellement aussi, de chercher à vivre plutôt que de rester à regarder le temps passer ?

Je pose le verre là, devant toi.
Dis-moi.

© Isa – novembre 2014

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